Témoignages

C’est l’association Emmaüs, et plus précisément Emmaüs Tours, qui désirait une nouvelle structure complémentaire pour améliorer la qualité de l’accueil des familles de réfugiés. Les 115 communautés Emmaüs s’appuient sur 3 piliers :

– Les compagnons : SDF, anciens prisonniers, réfugiés ;

– Les responsables : pour organiser l’ensemble des activités ;

– Les bénévoles : une composante essentielle

Après celle de Tours, d’autres communautés ont adopté le concept de « 100 pou 1 » dont celle de Châtellerault qui accueille actuellement une vingtaine de réfugiés.

Puis c’est au tour du département des Deux-Sèvres de voir la création de « 100 pour 1 en Bocage »

Oui et 3 éléments ont entrainé cette création :

– La demande croissante d’accueil des réfugiés en sachant que c’est l’un des fondamentaux d’Emmaüs d’accueillir les plus souffrants ;

– La décision d’une association citoyenne, l’Atelier Mauléonnais, de mener une action vis-à-vis des réfugiés suite à une conférence au printemps 2016 « Cap sur l’immigration », c’est à l’issue de la réunion que la décision a été prise de lancer en Bocage « 100 pour 1 » ;

– Une réponse directe à un groupe de citoyens argentonnais qui ont accueilli des réfugiés tchétchènes.
De fil en aiguille, ces 3 facteurs ont donné naissance à « 100 pour 1 en Bocage » avec l’aide des collectifs (1) dont la paroisse Saint-Jean Paul II en Bocage, un soutien particulièrement notoire.

Quels sont les besoins de l’association ?
C’est on ne peut plus simple, le besoin d’élargir au maximum le nombre de donateurs, avec 100 de plus on peut accueillir dignement une famille.

Quel est votre point de vue personnel sur des propos, que l’on entend parfois, qu’il vaudrait mieux s’occuper des SDF français plutôt que des réfugiés et des migrants ?

Nous somme attentifs à TOUT le monde. Nous suivons le concept de l’Abbé Pierre qui était d’accueillir le plus souffrant. Vouloir trier les pauvres est une attitude intolérable. Nous sommes tous citoyens du monde et s’acharner à monter les uns contre les autres est une démarche fascisante et pitoyable.

Bernard Arru, vice-trésorier de « 100 pour 1 en Bocage » et co-fondateur de la communauté Emmaüs de Mauléon et des Ateliers du Bocage.

Isabelle, bénévole et référente d’équipe

Le sort des migrants en France, ça me met hors de moi. Nous, on a la chance d’être nés au bon endroit, à la bonne époque, et si je peux essayer de faire partager cette chance à d’autres… Moi-même, je peux voyager où je veux et revenir ensuite tranquillement chez moi, et que ce ne soit pas possible pour beaucoup d’autres personnes…ça me met en colère !
Si aucune institution, association, si personne ne les accompagne dans leurs démarches, dans leur quotidien, l’intégration est particulièrement délicate et ils connaissent des conditions de vie très difficiles, avec un risque plus important d’un retour dans leur pays avec tout ce qui peut en découler !!!
Avec l’association « 100 pour 1 en bocage », on essaie de répondre à leurs attentes et de les accueillir avec dignité. Pour la plupart, ils ont dû fuir leur pays pour des raisons diverses avec beaucoup de souffrance, souvent en laissant travail, famille et sans espoir de retour.
« Une anecdote qui te fait sourire, avec la famille que tu accompagnes ? »
Pour la famille que j’accompagne, à chaque fois que je vais leur rendre visite, ils souhaitent partager leur repas (gâteau, plat…). Malgré toutes leurs demandes – c’est une famille qui est peu autonome et s’appuie beaucoup sur l’équipe de bénévoles pour leurs démarches, au quotidien – ils me donnent beaucoup d’amitié. Quand ils savent que je vais aller rendre visite à mes enfants, ils leur préparent toujours un gâteau. Et puis, ce sont de gros gâteaux, avec beaucoup de crème ! Il y en a pour des jours à le manger ! Je crois que c’est leur façon de me remercier.

video réalisée en 2016

Témoignage de M… :

C’était au cours d’un déjeuner avec des couples amis à la maison. Ma retraite professionnelle avait déjà six mois. L’une de nos invitées témoignait de son bénévolat au Centre Socioculturel, dans le groupe de lutte contre l’illettrisme. Et soudain elle m’interpelle : « Tu pourrais faire ça ! ». Moue dubitative. « Je n’étais pas enseignant comme toi »… Six mois plus tard je rejoignais ce groupe. J’y suis resté une
douzaine d’année.
C’est aussi pendant cette période que je devenais bénévole au CCFD-Terre Solidaire. Un des axes d’action de cette O.N.G. française est de lier des partenariats un peu partout dans le monde, avec des responsables d’organisations locales qui luttent contre la faim et travaillent au développement. Un autre axe se rapporte aux migrants.
Ces deux engagements m’ont ouverts à l’accueil des étrangers de toutes origines : Europe de l’est, Asie du sud-est, Afrique.
À la naissance de « 100 pour 1 en Bocage », je suis devenu membre d’une équipe d’accompagnement d’une famille logée à Bressuire par « 100 pour 1 ». Je m’en réjouis encore et m’engage un peu plus dans la vie de « 100 pour 1 ».
On dit que le hasard fait bien les choses. Je le crois… Mais est-ce le hasard ? ….

Témoignage d’une bénévole

Lors de l’accueil d’une famille tchétchène dans le logement mis à disposition par 100 pour 1, j’ai vécu un moment inoubliable, d’émotion et d’immense bonheur, en regardant les trois enfants de moins de 10 ans exploser de joie et passer de pièce en pièce en dansant, chantant et riant aux éclats.
Ils rayonnaient une joie de vivre enfin retrouvée et les parents se confondaient en remerciements.

Autre témoignage d’une bénévole

Moi, j’étais au CCFD [CCFD-Terre solidaire]. C’est une amie, Yvonne, qui m’a entraînée dans le projet « 100 pour 1 », avant même la fondation officielle de l’association. En 2016, elle s’est trouvée à accueillir
une famille albanaise en détresse. Rapidement, elle a demandé de l’aide aux bénévoles CCFD, il y avait trop à faire pour elle seule (les démarches administratives, le quotidien,…). Je n’avais pas envisagé de m’investir dans une autre association que le CCFD, mais quand elle a fait appel à nous, ça m’a paru une évidence d’accepter. Par la suite, on m’a demandée d’être référente auprès d’un couple venu d’Europe de l’Est et de ses enfants.
« Tu avais déjà pensé à t’investir dans l’aide aux personnes migrantes, aux réfugiés ? »
Non, pas du tout. Mais en y repensant, je me rends compte qu’on a souvent aidé des personnes en grande précarité dans ma propre famille. Mes parents, par exemple, hébergeaient pendant les vacances scolaires les enfants d’un couple très pauvre, dans le village où on habitait. Des personnes venus du Laos aussi, à une époque où beaucoup ont fui leur pays. Dans la famille, je crois qu’on a une fibre accueillante.
« Il y a des choses auxquelles tu ne t’attendais pas quand tu as commencé à soutenir la famille dont tu es référente ? »
Eh bien… Je ne pensais pas que l’obtention d’un titre de séjour ou du statut de réfugié puisse prendre autant de temps. Je croyais que cela se jouaient en quelques mois. En fait, cela peut prendre plusieurs années ! C’est cela qui est difficile dans l’accueil. Ça m’amène à me demander si j’en fais assez pour la famille migrante que j’accompagne. C’est une responsabilité qui est parfois lourde.
« Une anecdote qui t’a marquée, surprise ? »
Un soir, les enfants m’appellent sur mon portable. « Viens vite, il faut que tu viennes vite, mon frère s’est cassé la tête ; il saigne ! ». Inquiétude de mon côté : «Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Il est tombé ? » « Il est tombé dans la baignoire ! ». Je suis rassurée par la réponse. Je suis quand même allée les voir aussitôt après, et effectivement, la blessure saigne mais elle est sans gravité. Comme on est, en tant que bénévole et référent, les premiers interlocuteurs de la famille, pour toutes les situations de la vie, on s’attend à tout,
surtout au pire. Et puis, ce sont souvent les enfants qui appellent, car ils maîtrisent plus vite le français, et qui expliquent la situation avec leurs yeux d’enfants. Souvent, heureusement, c’est sans gravité !

Témoignage de Véronique